Mardi 22 décembre 2 22 /12 /Déc 22:55

antelope canyon  
 
  Appuyé contre la roche je regardais les volutes de poussière dans les rayons de soleil…

Antelope Canyon s’étirait devant moi alors que la jeune femme Navajo attendait à quelques mètres de là, invisible, derrière une aspérité de la roche.  Je fus alors envahi par une sorte de sérénité mystique et j’eus envie de toucher la pierre qui déclinait toutes les couleurs de l’ocre.

Elle était lisse, douce, pas vraiment froide, pas vraiment chaude et lentement, c’est arrivé...
 Je voyais en superposition l’image de la rivière creuser la galerie…charriant une eau boueuse, du bois flotté, des racines, des rochers et je sentis la vie effleurer mes doigts. C’était comme si la roche vibrait. Ma main caressant ce relief s’attardait ici et là…fourmillant d’une sorte d’énergie magnétique. Je vis alors un esprit totem se matérialiser légèrement dans la troué de lumière. Je le scrutais alors avec une légère excitation…me rappelant vaguement quelque chose d’ancestral, un lien avec la nature que l’on a depuis longtemps oublié. Je fermais alors les yeux et j’entendis l’oiseau… un aigle ? Avec en bruit de fond, une mélopée. J’imaginais alors très facilement ce jeune indien qui se tenait là il y a de ça combien d’année ? Je sentais le picotement de la fumée acre du feu de camp à côté duquel il était assis alors qu’il cherchait à ouvrir son esprit.

"Souviens-toi" me disait la roche.

Et j’ouvris à nouveau les yeux pour contempler le cadeau que m’offrait alors l’indienne… Je me rappelais les quelques mots qu’elle m’avait glissé en anglais hésitant, m’incitant à accueillir la magie des lieux.
AntelopeCanyon

Et je sentis alors plus que ne vis les histoires que me racontait la pierre. J’étais dans un tourbillon des sensations… m'imprégnais de l' odeur de la Terre, de l’Eau, des animaux qui étaient passé par là depuis des siècles… et je découvrais un spectacle grandiose ! Pour qui voulait voir… il y avait là la sculpture d’une baleine, puis avec un angle différent un grand sorcier… Ici un chacal, là un vautour…N’était ce pas un troupeau de bisons qui courrait dans la marbrure de ce pan de roche. Mes yeux se posaient partout et dans un souffle je découvrais alors un nouveau spectacle. J’en avais le vertige, j’étais submergé par la vie et maintenant les sons de toutes ces apparitions. Mon cœur s’accélérait, j’étais émerveillé, conscient d’un moment magique. Etais-je fou ? Non, surtout ne pas essayer de rationnaliser, je devais encore profiter de ce spectacle et l’accueillir sans y réfléchir. Une chaleur diffuse m’encouragea dans cette voie. Le soleil tombait de cet affleurement rocheux pour venir se lover sur mon visage, glisser et…dessiner cet animal sur le sol…inverse d’une ombre chinoise…une lumière indienne, me dis-je. Encore quelques pas et le film changeait… J’en aurais presque pleuré, j’étais reconnaissant d’avoir compris ce qu’elle avait voulu me dire et je me sentais un privilégié.

J’avançais doucement dans le boyau du canyon, il y faisait bon, la température était parfaite… Rafraichissante mais aussi sécurisante. Les voix se faisaient plus diffuses et déjà presque à regret je voyais la trouée qui marquait la fin du voyage. Les deux parois s’ouvrirent sur un ciel de plomb, je voyais les oscillations des vagues de chaleur et les insectes saluaient le printemps qui s’installait dans l’Arizona.

Je ne voulais pas partir mais déjà le 4x4 qui devait m’éloigner de la réserve rugissait…

Je fermais une dernière fois les yeux pour entendre l’aigle et d’un pas résolu rejoignit le véhicule.

Je sus alors que si je le souhaitais je pourrais revivre cette expérience, car même si la Terre nous est prêtée, elle n’est pas rancunière et malgré notre inconstance, si l’on se souvient d’Elle, elle nous ouvre à nouveau ses bras…

En passant au niveau de mon guide navajo, je ne pus m’empêcher de lancer un regard de connivence, et d’articuler un merci muet car ici et là, les mots deviennent étrangement inutiles…
SK_-_Upper_Antelope_Canyon_.jpg

Par Inkan - Publié dans : Inkan de l' âme
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Vendredi 11 décembre 5 11 /12 /Déc 12:43

Les contes de fées aujourd’hui ?

Force est d’admettre que si  Perrault ou les frères Grimm écrivaient leurs contes de nos jours, les fins seraient certainement différentes.

Mais ça donnerait quoi ?

-Le petit chaperon rouge irait chez sa grand-mère en trainant des pieds en écoutant Muse sur son I-pod. Dans son sac à dos, il y aurait une bouteille d’Hépar et de la vitamine D, contre l’ostéoporose. Elle tomberait amoureuse du loup et collerait un procès au bûcheron pour harcèlement…

-La marraine de Cendrillon lui aurait parlé par web cam. Cindy aurait fait le mur pour aller en boite de nuit, aurait raté le dernier métro et aurait perdu son portable dans un taxi… Le prince aurait regardé le répertoire pour la retrouver et aurait diffusé une vidéo sur youtube…

-La belle au bois dormant après un siècle d’ennui, aurait divorcé du prince et monté sa propre boite de fringues. En femme indépendante, pas question de rester à la maison faire des tourtes et s’occuper des enfants pendant que Monsieur irait au golf avec ses potes de bureau.

-Blanche-neige serait en analyse depuis deux ans pour un Œdipe non résolu. D’autre part, elle participerait à une thérapie comportementale et cognitive pour éliminer ses Tocs du ménage et ses troubles alimentaires. Elle aurait un projet de nouvelle émission genre D&Co. La belle mère lui  enverrait des mails avec des virus pour plomber son disque dur.

-Le petit Poucet serait passé à la nouvelle Star. Il aurait gagné en faisant pleurer sur son histoire et serait en couv de tous les magazines people…

-Merlin l’enchanteur signerait des autographes dans les hypers le week-end et serait la doublure du père Fouras dans Ford Boyard. Arthur aurait fait son coming out et partirait en vacances à Doubaye avec Nils Holgersson…

-Le chat peauté aurait monté une asso de lutte contre les maltraitances aux animaux et détournerait peut-être les recettes.

-Les marâtres auraient un groupe de fan sur facebook et participeraient à l’écriture de Desperate Housewives…

… et les enfants commanderaient en ligne sur internet les jeux vidéos de leurs héros. Les parents évitant ainsi de lire les histoires au moment du coucher plancheraient sur leur diner presque parfait du lendemain pour gagner 1000 euros…

thelittleredridinghoodbytiana.jpg

Par Inkan - Publié dans : Billet d'humeur
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Samedi 28 novembre 6 28 /11 /Nov 16:43

«  …et si on mettait le frigo ici, on gagnerait beaucoup de place… »

Un peu consterné et découragé, mon regard glissait sur l’amoncellement de cartons qui s’étalaient un peu partout et ce que je ne voyais pas, je le devinais : à savoir Kossovo dans sa chambre, Beirut dans le couloir, Tsunami dans la salle de bain…le salon, euh, oui quelque part derrière tout ça.

  ETE 2008 : emménagement d’Ether à la maison.

D’un œil d’architecte, je scrutais l’emplacement désigné… mais il y avait un hic. Le top super cool frigo d’Ether ne pourrait jamais rentrer dans la niche formée par le placard de notre cuisine. Placard des années soixante-dix, c'est-à-dire une loge formée dans l’angle par des murs de placo jusqu’au plafond, percée d’une porte.

A deux cerveaux, nous nous penchâmes sur le problème : il ne passait pas par la porte !

Option n°1 : faire tomber l’encadrement pour agrandir le passage.

Option n°2 : Laisser le frigo là où il était et aller fumer une clope assis sur un carton

Option n°3 : Faire comme dans D&Co, tomber les cloisons et avoir une belle cuisine toute neuve qu’elle est belle. Si Valérie y arrive, pas de raison qu’on échoue.

Après une mini concertation « j’ai peur/c’est un mur porteur ça/comment k’on fait ?/tapes un petit coup dedans pour voir… » nous décidâmes de passer le cap et de faire appel au copain qui s’y connait pour donner quelques conseils.

Ni une ni deux, on se retrouvait médusés à observer celui-ci taper à grand coup de masse dans un de nos murs qui dégringolait.

« Tu vois, c’est facile !

-Grave, c’est bon, on devrait s’en sortir ! »

Les pans du mur tombent, nos derniers doutes aussi et on se retrouve bientôt avec un plafond bardé de cicatrices couleur brique et … Un encadrement de porte qui tient bon, orphelin dans un nuage de poussière blanche!
 Pour gagner du temps de réflexion, Ether et moi décidâmes d’évacuer les gravats (putain que c’est lourd cette merde) dans des sacs Ed jusqu’au container en se faisant tout petit devant les voisins, l’air de pas y toucher. (Comment ? Du vacarme dans l’immeuble ? Des traces de plâtre dans le couloir ? Mais qui c’est donc qui a fait ça ?).

De retour dans la cuisine transformée en chantier, nous retrouvâmes l’amis ayant creusé une tranchée dans le carrelage pour desceller l’encadrement de la porte qui avait été fixé d’un bloc…quelque part dans le ciment en dessous.

D’une voix timide, je commentais : Ah, c’est donc un rectangle métallique et pas une espèce de U.

D’une voix un peu plus chevrotante : Tu vas creuser profond comme ça ?

D’une voix blanche couverte par le bruit d’une meuleuse géante (mais non, il a pas mal) empoignée par notre démolisseur : ah d’accord, tu vas cisailler le métal dans le sol ? Ben, merci beaucoup, je ne veux pas trop abuser, après ça on arrivera à se débrouiller, n’est-ce pas Ether ?

Ether, les yeux dans le vague…la figure mouchetée de plâtre, la mèche collée… Là je me suis dis que D&Co c’était peut-être un peu n’importe Nawák, Valérie est toujours impeccable quand elle bosse…

 

Quelques minutes plus tard, enfin seuls dans notre appart  parsemé d' empreintes blanches un peu partout, nous faisions un brain storming. Bon tomber le mur c’était facile, maintenant y a plus qu’à boucher le trou, un coup de peinture et hop, réglé !

Nous voila donc enduisant sévère, elle en haut, moi en bas, observant d’un œil critique l’avancée de chacun, pas très convaincus de l’histoire. Nos murs ressemblaient à des trucs boursoufflés. Enduire, c’est une technique mais après quelques minutes (si si , nous avons progressés très vite), nous voila enfin efficace, la mèche un peu plus collée, l’enduit séchant dans les cheveux, sur le front ou les lunettes et inévitablement nous nous approchions du cratère dans le sol.

Jusque là on avait géré. Et nous étions plutôt fiers.

« Ether, j’en peux plus, et puis on a plus assez d’enduit. On fait comment pour le sol ?

-il faut remplir le trou pour le reboucher et après faire une couche dessus pour unifier…

-Ca va être moche, quoique on pourrait coller des lattes de stratifié dessus pour cacher.

-Ca peut marcher… »

A deux cerveaux, qu’est ce qu’on est fort : on peut tout faire !!! Ether prit des morceaux de gravats et s’amusa à remplir le trou à mi chemin entre une céramiste et un joueur de puzzle pro…pendant ce temps je farfouillais dans la boite à outil et dénichais de la colle à carrelage.

Le trou plus où moins bouché (ça n’avait pas l’air très stable cet amoncellement de cailloux), on se mit d’accord pour dire que ça suffisait (ras le cul de ce trou) et je déversais copieusement la colle sur le tout (Ca pègue !!! Bon, ca a l’air bon), Ether la pro de la finition posa la première latte (appuies 5 minutes pour que ça prenne) et je préparais la deuxième…quand je remarquais que c’était pas très lisse à cause des aspérités des gravats. Alors j’eus la brillante idée d’appuyer plus fort pour tasser et aplanir… et Schplitttttt, un jet de colle immonde reflua de dessous la première latte alors que celle-ci restait affaissée comme un soufflé, concave dans notre sol si méticuleusement remis à niveau.

-Ah ben merde alors !

-Bijou, je crois que t’as pas eu une bonne idée…

(Je la regardais au-dessus de mes lunettes en essayant de me défaire du tas de colle qui s’effilochait comme un élastique gluant sur mes doigts, puis sur le sol et re-merde !!! J’ai marché dedans)

Passablement irrité : -tu as une meilleure idée ?

-Bien oui, il faut faire du ciment.

-ok, Casto est surement encore ouvert, on va en acheter …

Après avoir couru dans les rayons (schploc-schploc de mes shoes gluantes ponctuant notre expédition), nous revoilâmes penchés sur le trou préalablement revidé. Je passe sur la description des gravats agglutinés sur nos doigts comme des ventouses et du lavage avec « tout ce qu’on trouve qui peut virer cette colle pourrie ».

-Bichette (Ether), j’en peux plus..

-Laisse je vais le faire…

Je sais plus trop qui eut l’idée suivante pour gagner du temps mais la voila balançant le ciment en poudre dans le trou et moi armé d’un vapo humidifiant le résultat.

Enfin Lisse !!! Re-pose de la latte…deux pas en arrière et soulagement, ça a l’air de marcher cette fois-ci. Ouf, 'tite clope pour fêter ça, le temps que ça sèche.

De retour dans la cuisine, je décidais d’apprécier de la solidité du machin et appuyais doucement cette fois-ci sur la latte…

- Bordel ce n’est pas vrai !!!

Cette fois-ci la latte glissa…Oui oui, le ciment avait pris mais que sous celle-ci. En la tirant je redécouvris notre trou avec le ciment en poudre!!! Mince, coté colle de la latte soulevée une pellicule de ciment.
Ouais d’accord…On est vraiment trop fort dans le genre !

Désespérés et peu convaincus, nous vérifiâmes comment faire du ciment… (Ah, il faut du sable ? Et bien sûr on n’en a pas).

-Ben ça ira comme ça !!! On y a passé la journée !

Et voila comment en quelques minutes, nous jetâmes à la dégouttée le fond du sac de ciment dans un bac, de l’eau par-dessus, quelques touillages énergiques et défouloir (il a presque été monté en neige, de rage) et plop le tout dans le trou comme un vulgaire flan qu’on démoule.

Basta !!!

Le lendemain, il avait bien séché, un peu crevassé mais avec la latte dessus, même si elle était un peu gondolée,ça le ferait car le frigo serait dessus !!!

Assis entre nos cartons, l’après-midi suivant nous nous extasions sur le lissé impeccable du plafond,et sur notre dextérité à enduire, en évitant soigneusement de parler du trou...

Mais à part ça, je vous assure, nous sommes des as du bricolage.
D’ailleurs dans les Maçons du cœur… :)

Par Inkan - Publié dans : Humour
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Dimanche 1 novembre 7 01 /11 /Nov 18:00

Faire comme…
Trois semaines de stage en chirurgie pédiatrique et j’ai déjà l’impression que c’est une éternité. 29 lits dans le service, des pathologies de neuro, de cardio, de viscérale, d’onco, d’orl et les hébergés des autres services… certains sont là depuis des mois, d’autres ne feront que passer.
De 2 ans et demi à 16 ans en principe, je dis en principe car il y peut y avoir des bébés comme des plus grands… manque de place dans les services… La réalité me saute en pleine face.
Difficile d’être là, disponible et à l’écoute de tous. Les infirmières ont à peine le temps d’arriver dans une chambre qu’elles doivent aller dans la suivante : je suis en retard sur mon tour… C’est l’obsession, c’est le stress…Elles ne sont que deux et une auxiliaire puer aujourd’hui…Absence maladie ou autre, alors on compte aussi sur les stagiaires. Il ya le nom des enfants sur le lit… Heureusement. C’est parfois le seul moyen de se rappeler comment ils s’appellent. De lui, tout ce qu’on retiendra, c’est qu’il a Augmentin X 3 et un antalgique à la demande. Sa maladie sera hiérarchisée. Il n’a pas de pansement, il n’aura pas besoin de plus de temps. Il est sortant cet après-midi ou demain, on va avoir un lit garçon… Difficile de mettre un visage, si on le croise en dehors de sa chambre, on ne le reconnaitra même pas.
Ambulatoire : tu rentres, tu sors, on t’a à peine vu.
…et il y a ceux qui sont là depuis longtemps. Plus les soins sont lourds et mieux on les connait alors oui, même s’il ne faudrait pas, on s’attache.
Le soir, chez moi, je revois leur visage. Je revis tel ou tel soin car à ce moment là, je n’ai pas laissé l’émotion faire surface… Elle revient le soir. Je décompose, j’analyse, je me souviens et souvent, j’ai de la peine. C’est le soir que c’est le plus difficile à repousser, car hors du contexte et loin de « ce qu’il faut faire », apparait la question que dans l’urgence on ne se pose pas : « pourquoi ». Pas pourquoi il faut lui donner ça ou faire ça, je ne parle pas de soin, mais de pourquoi la maladie, pourquoi c’est injuste et comment ont-il autant de courage…sans s’en rendre compte. Je m’interroge alors sur les patients, qui ils sont, sur le sens de la vie, pour eux, pour moi, pour chacun.
Al : 16 ans, ostéosarcome. Il ne faut pas s’attacher aux ostéosarcomes, m’a dit une infirmière, les yeux embués de larmes… j’y devine une histoire, je ne bronche pas. Je la laisse se souvenir puis se « re-cadenasser ». Oui, c’est compliqué à gérer tout ça. J’écoute les conseils… J’écoute aussi ce que j’ai envie de donner. Il y a un calcul dans la relation. Ne pas se mettre en danger, ne pas oublier que l’on ne fait que passer. Et pourtant…on a envie.
Lo : 12 ans, mucoviscidose…on dirait un petit oiseau tombé du nid. Je prends sa tension avec un brassard pour bébé. Je relève la manche de son t-shirt fashion en parlant avec elle du dernier groupe à la mode.Chacune de ses respirations est un effort, alors elle choisit bien ses mots, Lo, faut pas gaspiller un souffle. Je suis admiratif de voir comment elle les manie avec dextérité...
Léo : 13 ans, tumeur bulbo-médullaire m’explique mieux que l’interne son traitement avec un regard sans âge. Seules les peluches sur son lit et les poster de cheveaux me rappellent qu’elle est à peine une ado.
C’est venu tout seul. Eux, moi, on fait comme… Comme si l’espoir était toujours permis. Ils me parlent de ce qu’ils feront plus tard, de leurs peurs, de leurs envies, de leur vie…en faisant semblant d’être des adultes… et moi souvent je vois l’enfant au détour d’un regard qui se baisse.
Je fais comme si la vie valait la peine qu’on rigole chaque jour pour mieux aimer le suivant. Je raconte dehors, je suis toujours de bonne humeur…alors ensemble, il arrive qu’on rigole vraiment de n’importe quoi et même quelque fois de la maladie…

Par Inkan
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Vendredi 28 août 5 28 /08 /Août 10:53

 Hier, en compagnie de ma tante, nous avons épluché les vielles photos de famille.

 Bizarre de voir comme on était mal fringués, le sous-pull lycra, la salopette, les couleurs flashies post seventies début eighties...et la coupe de cheveux!
 Je posais un regard neuf sur ces photos (je n'en ai aucune). Je ne me rappelais d'aucun de ces moments qui me semblaient d'autant plus anciens que le grain de la photo était vieux, trop sombre ou surexposé. Est-ce moi?
Cette vie n'est pas celle que je connais aujourd'hui. Sa signification, sa définition a changé. Puis-je faire un pont entre cet enfant là que j'ai aimé et l'adulte que j'aime moins?

Réminescence de nos premiers rêves déçus...là ce regard que je vois quelquefois dans le miroir.
Réminescence de ce que je me sentais immortel...demain n'existait pas encore et courrir jusqu'au bout du champ prenait une éternité.
Réminescence de l'insouciance, du jeu... quand entrer dans un poulailler ou une grange était une expédition pleine d'aventure.
Réminescence du premier jour des grandes vacances... longues, pleines de promesses d'amis, de nouveauté, de jeux...
Réminescence du dernier...l'odeur de la trousse neuve, du cartable, de la colle uhu...et découvrir que les parents en savent moins que le maître...et bientôt que nous.
Réminescence du premier mot doux... je t'aimerai jusqu'à la fin des temps et marcherai tous les jours une main dans la tienne.
Réminescence de la découverte de la douleur psychique.. pourquoi ça me serre la gorge comme ça et j'ai envie de tomber par terre et de mourir.
Réminescence de la détermination... jamais je ne laisserai quelqu'un d'autre m'atteindre. Je me relève les yeux plein de rage et de défi. Je peux tout surmonter, je peux tout vaincre; je suis fort.
Puis viennent les promesses que l'on se fait. Des enfants aux enfants, des ados aux ados, des parents aux enfants, des enfants aux parents ...aux amis... aux ennemis...
-Je ne t'oublierai pas
-Je serai là pour toi
-Je reviendrai
-Tu compteras toujours
-On fera ça ensemble

Il y a des promesses que l'on croit et celles que l'on soupçonne d'être fausses (il a croisé les doigts c'est sûr).
Il y a celles quon a besoin de croire alors qu'elles ne sont pas vraies.
Il y a celles qui ne sont pas tenues, ce qui ébranle nos valeurs. On découvre le mensonge et l'effroyable vérité:
sous le vernis des promesses, le monde est un peu plus moche que ce qu'il n'y parait.
Il y a celles que l'on se fait: peut-être que ce sont les plus dures.

 Etre déçu par les autres devient une habitude, par soi une perte d'estime supplémentaire.
J'ai été bien souvent trahi par l'autre, mais je suis effayé de l'être par moi.

 Alors je reprends la liste des promesses que je m'étais faites:
Ne m'étais-je pas dit de ne plus mettre autant d'espoir dans des choses qui ne sont vraies que pour moi.
N'avais-je pas dit que je ne me laisserais pas atteindre par les fausses-promesses.
Ne m'etais-je pas dit de ne pas m'abandonner quand l'autre le fait.
Ne m'étais-je pas dit que j'allais leur montrer et devenir quelqu'un.
Ne m'étais-je pas dit qu'on chercherait ma présence, qu'on voudrait faire mille choses avec moi parce que je serais moi...et qu'on aimerait être avec moi.
N'avais-je pas dit que je rayerais de ma mémoire la prochaine personne qui me décevrait.
N'avais-je pas dit qu'on m'aimerait un jour sans que l'on se fuit et que j'habiterais avec cet amour pour partager nos peines, nos joies, nos vies?

Aujourd'hui, qu'en est-il?

Quand je repense aux promesses que je me suis faites pour quand "je serais grand" et où j'en suis, j'ai du mal à me dire qu'il s'est passé autant de choses. J'ai vécu une vie pour certains et je n'ai pas tant grandi que ça au final (même si j'en ai réalisé quelques unes...);


  Certaines promesses sont tenues, d'autres peuvent l'être. La plupart sont perdues.

Voilà ce qui me trouble aujourd'hui.
Dans cet univers d'incertitudes, je voudrais tellement avoir celle qu'on peut m'aimer sans me mentir ou me faire miroiter des choses qui n'arriveront pas. Je voudrais croire en la promesse.
C'est le cri de l'enfant qui se rappelle.
C'est le cri de l'enfant que le mensonge a cassé
C'est le cri de l'enfant qui veut croire  qu'il existe du vrai, du beau , du bien...pour rendre son monde plus supportable.

Heureusement, même si au final, j'en ai que très peu, j'ai  la chance d'avoir trouvé dans ces marécages des promsesses de "vrais" amis.
Et même si je suis déçu que ces deux mots n'aillent pas toujours ensemble,  je remercie la vie qui m' a offert ceux pour qui ils sont synonymes.

Par Inkan
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Dimanche 23 août 7 23 /08 /Août 18:55



Au pied du châtaigner séculaire, les yeux inondés par d’innombrables gouttes de pluie, il regarde le combat des nuages et du vent.




 Chacun des éléments se déchaine et donne au paysage des airs de fin du monde. Les éclairs zèbrent le ciel. Il se déchire, semble se recoller puis se déchire à nouveau. La voute céleste déverse ses larmes de colère, de rage en de trombes d’eau purificatrice. Chaque particule d’air, de roche, de végétaux ou de terre est inlassablement balayée.

Flash ! Un Dieu photographe fige le temps au son d’un grondement de tonnerre…Et il contemple alors les gouttes d’eau suspendues dans l’obscurité devenue alors translucide. Elles s’impriment en négatif, à perte de vue, sur l’étendue désolée qui pourtant révèle alors une fantomatique beauté.

Il discerne le moindre détail, ses sens galvanisés par l’odeur puissante de l’ozone.

Le monde se déplie de toute sa hauteur, et pose maintenant sur lui son regard de géant. L’homme se sent alors fourmi, bien vulnérable sous l’abri d’un châtaigner/brin d’herbe. L’arbre grandit à son tour sous la lumière blafarde. Ses branches écartées défient l’orage. Les feuilles se découpent comme autant de mains qui s’abreuvent d’une eau salvatrice.

« Grandis avec la tempête, sois humble et ais confiance… »

Une langue électrique vient lécher le talus à quelques mètres de lui. L’énergie s’éparpille, libre de se propager, d’explorer et de caresser le sol.

La foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit se dit-il puis subitement il pense à Elle. Regarde-t-elle l’orage aussi ?

Il imagine son excitation enfantine et il voudrait pouvoir être prés d’elle pour la partager à nouveau.


  Il se lève alors et marche sous la pluie froide. En quelques secondes il est trempé mais il s’en moque. Non, il s’en délecte… Il laisse l’eau parcourir sa peau et s’infiltrer partout sous ses vêtements. Il suit son parcours aux frissons qu’elle provoque sur son passage. Il fusionne avec elle, s’ouvre à l’orage et prend alors corps dans la photo en négatif. Silhouette sombre dressée au milieu de la lumière, le visage tourné vers le ciel, éclatant de rire.

Il pense à elle…et marche alors droit sur le talus.

« La foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit »

…et pourtant ce soir, il pense à elle, l’aime encore et il se dit que c’est tout à fait possible.

Il court maintenant, présence irréelle dans des éclaboussures de cristal. Il vibre maintenant, comme le tumulte assourdissant.

Il l’a rejoint, a pris sa main sans un mot et l’a entrainée dehors avec lui. Elle s’est laissée faire, puis a couru derrière lui, ses pieds semblant à peine toucher le sol, la pluie dans les yeux.

Un autre flash et le châtaigner leur fait signe, leur ouvrant ses bras.

La foudre ne tombe jamais au même endroit… et pourtant… sa bouche vient redécouvrir la sienne et leur cœur est tonnerre.

Elle le regarde avec une expression indéchiffrable puis sourit en enlevant délicatement une feuille collée sur son front

Elle se blottit tout contre lui. Leurs deux visages se tournent vers le ciel et ils s’écoutent respirer dans le mugissement de la nuit.

Au pied du châtaigner séculaire, les yeux inondés par d’innombrables gouttes de pluie, ils regardent le combat des nuages et du vent.

Par Inkan - Publié dans : Textes et nouvelles
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Lundi 20 juillet 1 20 /07 /Juil 21:30

2. Le fou rire « p’tain, arrêtes, on va se faire goaler… » :

Avec ce fou rire, tu retournes l’espace d’un instant en enfance, tu rigoles de ta connerie avec ta meilleure amie qui, bon public, se bidonne autant que toi, surtout que…shhht, faut pas faire de bruit, ça craint !!!

Montpellier, un soir de printemps, ou d’été, je sais plus…

  J’étais avec Ether chez un couple d’amis qui semblait à couteaux tirés et il y avait une légère tension que nous avions essayée d’éluder tout le long du repas. Monsieur nous impressionnait par sa conversation (ou absence de conversation) mais nous étions contents d’être là, c’était les vacances et nous avions envie de rire et de nous amuser… Soirée avec les enfants qui durent filer tôt au lit et il y avait : le chien !

Le chien : une brave bête (bête ?), du genre gros chien noir qui avait oublié qu’il n’était plus un chiot et  s’entêtait à venir nous bouffer les mains, à grand renfort de babines, tout en tirant en arrière, en agitant la tête frénétiquement pour arracher ce qu’il pouvait… « on joue au bâton ? » ou « tu cours et je te saute dessus avec mes grosses patounes ! » et surtout « nan, j’ai pas compris que tu me le lances loin pour que dès que j’ai le dos tourné, tu te carapates et te barricades derrière une planche qui me bloque l’accès à la terrasse… (c’était là ça tout à l’heure ?!) ».

Nous n’arrivions pas à décider si nous étions exaspérés ou amusés par sa « collitude » (j’te colle/copain toi !) et surtout nous faisions bien semblant de le trouver adorable lorsque le bave brave toutou nous mastiquait affectueusement les doigts devant papa et maman. Mais un moment d’inattention de ceux-ci et Ether lançait le bâton avec la force et la hargne d’un lanceur de baseball… J’entendais même ses pensées : Mais casses-toi ! alors que le bâton atterrissait à l’autre bout du terrain (jamais assez loin). Elle prenait alors un air détaché, si d’aventure le regard de nos hôtes revenait vers nous (même-pas-essoufflée-moi et la mèche à peine déplacée), comme si elle avait fait un lancer mou pour que toutou en profite un max. Peut-être même qu’elle a pensé à lui jeter dessus, qui sait ?

Moi, j’essayais de lui envoyer la fumée de ma clope dans les naseaux, ça marche bien avec les guêpes mais c’est à peine s’il a éternué une fois…

Infatigable, notre Cerbère se contentait de cligner béatement des yeux comme un Shadock, le cul en arrière, la gueule ouverte avec un sourire canin, la tête figé dans une position d’attente : Suis prêt, vas-y copain, j’attrape !!!

Après le repas donc, toute la famille bien fatiguée est partie se coucher. L’ambiance n’était plus trop à la déconnade, nous avons nonchalamment attrapé nos clopes : on va fumer dehors (pssst, on va se faire un débriefing outside).

Catimini et petites souris, nous sommes dehors, chuchotant pour pas que l’on nous entende…

Et là, le chien… Mouaiiiiiisssss, gnak, gnak !!! (Diabolo et Satanas vont avoir leur revanche sans témoins)

On lance le bâton en le narguant derrière la barricade : vas-y, essayes de choper ma main, lol, pfff, mais t’as pas compris que tu peux pas,  bwahahaha !!! 
 
Mais au bout de deux minutes, cela nous lasse déjà alors, nous décidons de l’ignorer… Mais c’est sans compter sans la stupidité subtilité de grosses patounes qui charge comme un mammouth la barricade et se suspend de toute la puissance de ses mâchoires à mon bras, que je relève in extremis.
Passé le premier moment de surprise, je décide de faire marrer coupine car le clebs est toujours agrippé à ma manche. Je me lance subitement dans un défilé « haute-couture » ainsi customisé...

    Et avec ce superbe vison de Jean-Paul Roquet, Inkan fera sans doute des émules pour la collection Printemps-Eté…

 J’arrive au bout de la terrasse, je prends la pose:
Le chien a les yeux écarquillé comme un bovin, suspendu à mon bras, il tient bon! Sa truffe renfrognée, il est haletant mais tenace.
 Je jette sur lui un regard de mannequin dédaigneux : il s’imagine qu’il va pouvoir reposer les pattes à terre pour me tirer en arrière… mais je ne lui en laisse pas le temps et je fais une magnifique pirouette Naomi-Campbell-Cyndi-Crawford-Maïté et le chien virevolte dans mon sillage en soufflant mais il tient toujours bon !!!
 Ether commence à s’esclaffer alors je force le trait, je me déhanche comme jamais et je me retrouve avec une superbe traine de mariée « royal canin » qui tente de s’agripper aux dalles…
  ( Oh mais c’est que ça glisse tes ‘tites griffes sur la terrasse, grosses patounes ! )
 De nouveau au bout de la terrasse, je reprends une pose chiennasse de Pouff manucurée : « pasque je le vaux bien ! » et toutou me regarde avec des yeux exorbités, je vois le rouge dans son neunoeil et sa gueule encore plus froncée et crispée par l’effort !
 Je virevolte à nouveaux, je suis Isabelle Adjani (je ne suis pas folle, vous savez…) avec une manche qui dégouline de bave. Mais le ratier tient toujours bon!
 ( Mince alors, on va faire mieux !!! Il ne résistera pas à une double boucle piquée de Surya Bonaly ! )
 Je prends mon élan et refais un superbe tour sur moi-même…Le chien devient capeline de zibeline et la force centrifuge faisant le reste se retrouve projeté… Oooops, il en couine de surprise !

« p’tain, on va se faire goaler !!! »

Et instant magique, nous revoyons en boucle, le « jeté » de chien et le fou rire arrive.

- Shhhhht, ils vont nous entendre en train de traumatiser le chien !
- Le con, il en redemande !!! (Grosses patounes a pris de l’élan et est de nouveau suspendu à mon bras, moulinant des pattes, et essayant d’ajuster sa prise en grognant)

Mort de rire, j’essaie en vain de le décrocher, j’en ai mal aux côtes et je me traine lamentablement d’un bout de la terrasse à l’autre sous les « chuts, ça fait un de ces boucans » de Ether hilare qui est peut-être déjà en train d’en mouiller sa culotte.

 Impossible de nous calmer : le regard dénué d’intelligence du flying-dog, ses grognements acharnés, l’écho de son couinement, mon manteau en daim en train de morfler sa race…Les « tu crois que je peux l’envoyer plus loin ? »… nous voilà l’espace d’un si savoureux moment deux sales gosses dans une cours de récré, en train de faire une connerie avec la certitude qu’on va se faire chopper à cause du boxon.

Est-ce qu’on a rit de nous, de lui, d’eux ignorant ce qui se tramait sous leurs fenêtres ?
Surement de tout ça à la fois, et surtout, oui surtout de l’image d’un top model « always fashion » déambulant imperturbable, un chien accroché aux basques, bête hirsute se trainant de tout son poids…

              Et comme le dit si bien la pub : c’est si bon la honte ;)

 

Par Inkan - Publié dans : Humour
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Mardi 16 juin 2 16 /06 /Juin 17:49

Le réveil sonne, il me semble que je viens de m’endormir, et c’est presque ça : impossible de fermer l’œil avant au moins 3h00 du mat !

Désespéré je regarde encore une fois l’heure, il est 6h00, je commence à 7h00 et de toute manière j’ai rien dans le frigo alors en zappant le petit dej, je peux m’accorder encore 10 minutes et je décide alors de capitaliser en me rendormant.

Ca fait du bien ces dix minutes de rab. Trop même, c’est louche. Je rouvre un œil et attrape négligemment mon portable : PUTAINNNNNN !!!!! Il est 6h30 !!!!!! Je vais être à la bourre !!!

Je me précipite dans la salle de bain, me coupe en me rasant en toute hâte, glisse dans la baignoire, me rattrape de justesse, me fous du savon dans les yeux et réussit à me brosser les dents en me séchant,  une jambe engagée dans le caleçon et le pantalon que j’ai décidé de mettre (les plus près, en fait).

6h40, ouais, je gère, je vais y arriver, un quart d’heure de trajet, ca peut le faire !!!  J’attrape tout ce dont je pourrais avoir besoin, je ferais le tri sur le trajet et je sors de l’appart…

C’est pas vrai, c’est laquelle c’te putain de clef !!!! Tu vas te fermer saleté de porte !!!

Je saute par-dessus les marches de l’escalier que je descends plus vite que l’éclair (trop bien négocié le virage du plateau de palier !) et me voila devant ma voiture : y a encore un enfoiré qui s’est garé comme un sagouin et va m’obliger à faire 5 manœuvres pour sortir mais je vais y arriver !!!!

6h45, je suis bon là, je suis presque à l’heure, peut-être même assez pour me faire une petite halte pour acheter un pain au chocolat car la journée va être longue… Bon allez je cède et je pile en me garant en épi dans une place en créneau, je dégringole de la voiture, me précipite dans la boulangerie : PUTAINNNNNN !!!! Même à c’t’ heure y a un vioc qui hésite entre une demie-baguette ou une entière !!! Et pis on s’en fout de ton mal au dos, y ‘en a qui vont bosser là, laisse ta place ou passe apres, je sais pas, t’as tout ton temps toi !!!!

6h50, je suis à 8 minutes de la clinique je pense, je me changerais vite, ouais, ça le fait, ça le fait, je dois avoir le pouls à 120 quand je croque dans ma première bouchée de pain-au-chocolat, mais j’ai rattrapé le retard.

6h58, c’est vrai ma pendule retarde de deux minutes, ca doit être l’heure là, vite je me gare, cool, y a de la place !!! Normal vu l’heure !

Plus que 50 mètres à faire en suivant le chemin… 15 en passant par-dessus ce talus qui « coupe ». Je prends à peine le temps de réfléchir, il y a un arrosage automatique et là je suis en plein dans la fenêtre où je peux passer sans me faire asperger : Je fonce pour prendre ce raccourci qui va me faire gagner de précieuses secondes.

Et là : effet à la Matrix, le temps se suspend, ma conscience s’aiguise, les gouttes tombent au ralentis, je me vois dans mon élan, à quelques centimètres ce truc boueux qui ressemble à un terrier de taupe, je vais marcher dessus et pourrir mes chaussures… alors je me contorsionne pour rectifier la trajectoire mais… le temps s’accélère à nouveaux et je me rends compte que je ne peux plus rien éviter tellement j'y suis allé précipitemment. Pire, l’herbe est glissante, le mouvement me déséquilibre, je m’effondre de plein fouet sur ce qui est en fait une merde de chien phénoménale !!!!

ET MERDE !!!! PUTAIN !!! Fais CHIER !!!! Pourriture de clebs ! (je visualise très bien le chien mascotte de la clinique, rond comme une barrique, tellement tout le monde le goinfre, moche comme il en peut plus avec son absence de cou et son air de chien pas fini, mais tellement con qu’il en est presque touchant… Je l’imagine se déchirer l’anus sur ce talus et partir en traitre, en laissant ce terrain miné pour l’imprudent qui osera bafouer les règles et ne pas prendre le chemin délimité)

Je reste là étendu dans la merde, tout simplement dégoutté, fané, blasé à me maudire d’avoir pris ce raccourci alors que j’y étais et j’ai subitement envie de rentrer chez moi.

Mais le jet d’eau me rappelle à l’ordre, et en plus je suis en train de me tremper !!!

Je me relève, écœuré, le devant de ma chemise est pourri, j’en ai sur la main, j’ai l’impression même qu’il y en a sur la joue (mais il a chié toute ses tripes ou quoi ?!) et pour ajouter à ma confusion, je ne discerne plus ce qui est de la boue, de ce qui est du jus d’entrailles de batard.

Que faire maintenant ? Je ne supporterais pas une seconde de plus ces fringues sur moi, alors je me déshabille frénétiquement sous l’arrosage automatique (vas- y que ça me lave !!!) et la mort dans l’âme, en caleçon, je retourne à ma voiture avec cette puanteur dans mon nez, vérifiant que mes mains puent toujours aussi et priant qu’il me reste un peu de solution hydro alcoolique.

Je finis le flacon sur moi et constate que pour le coup je suis bien en retard de dix minutes. Il me reste une serviette dans le coffre, ma tenue d’infirmier est dans le vestiaire, je suis presque à poil, je n’ai d’autre choix que d’y aller en priant que tout le monde soit dans le service (et pis dans une clinique psy, un mec en caleçon, c’est presque du banal).

Dieu merci, il n’y a personne, je fais une halte au WC, je vérifie l’intégrité de ma peau (merde, mais ça pue toujours ou c’est moi qui suis traumatisé ?) et réussis à atteindre le vestiaire sans encombre. Je mets ma tenue, en me disant qu’il y a quarante minutes, je dormais comme un bébé et que là je suis déjà une loque : sale journée !

J’entre dans le pc, les regards se braquent sur moi, j’hésite une seconde à dire la vérité mais là c’est juste la cinquième dimension : alors dégouté je balance un «  désolé je viens de me réveiller » qui m’accuse au lieu de m’innocenter et me jette sur le plan de soin de mauvaise humeur.

Saleté de clebs !

 

Par Inkan - Publié dans : Humour
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Samedi 6 juin 6 06 /06 /Juin 16:10

Et si nous étions des anges tombés du ciel ?

Penché vers la Terre, en équilibre sur son nuage, l’ange observe les gens. C’est étrange comme on s’agite en bas, il essaie de comprendre ce qu’il s’y passe. Il y a tellement de monde ! Il zoom sur celui-là, choisit cette histoire, change de chaine, la vie est sa télévision. Il aime bien cet homme, il est curieux de savoir ce qu’il va faire demain, s’il rencontrera l’amour. S’abritant de la lumière du soleil avec ses ailles, l’ange se penche un peu plus, pour mieux le voir. Il est perdu dans ses pensées et tout en marchant les yeux rivés sur ses chaussures, il s’apprête à traverser la rue. Quelques mètres plus bas, une moto arrive trop vite, il ne l’a pas vu…

« NON ! Je souhaite voir la suite ! »

L’ange projette ses pensées à toute allure dans le ciel. L’homme, interrompt sa marche, il regarde le ciel, songeur, sans savoir pourquoi, quelque chose a attiré son attention. Puis ne remarquant rien de particulier et dérangé par le bruit de ce chauffard qui passe à toute allure sur sa moto, il pose à nouveau son regard sur ses pieds et continue sa route.
 

A côté de l’ange penché, un autre se lasse du spectacle d’une dispute entre deux collègues de bureau et soufflant d’ennui, cherche comment se distraire. Il voit les fesses de son compagnon de nuage, en équilibre de plus en plus instable. C’est trop tentant, il fait le vide dans sa tête pour pas que l’autre n’entende ses pensées et s’approche doucement. Lorsqu’il est juste derrière, riant sous cap, il donne un coup de pied aux fesses exposées, content de son effet de surprise. La blague fonctionne, l’ange numéro un sursaute et entrainé par son poids tombe du nuage. Il n’a pas de prise au vent, il n’arrive pas à se rétablir, ses ailes sont plaquées contre lui, il n’arrive pas à rattraper sa chute. Il est happé par la gravité de ce monde… Il semble aspiré par un tunnel, se débat comme il peut, la chute lui donne des hauts le cœur. Il veut tenir son estomac, remarque un cordon sur son ventre. L’ange est effrayé, il ne comprend plus rien de ce qu’il se passe, essaie de se dégager, finit par être attrapé par des mains. C’est brutal, cet arrêt. Il fait froid, c’est extrêmement désagréable, il a faim, il a mal, il veut s’envoler mais n’a plus d’ailes. Alors il craque et pleure en s’agitant. C’en est trop pour lui, le traumatisme lui fait perdre la mémoire.

« Qui suis-je ? »

Il doit accoutumer sa vision, ici tout semble flou, il ne voit plus comme avant. C’est à peine s’il voit à un mètre. Un Dieu s’approche alors, immense, tout puissant et le prend dans ses bras. Il lui sourit avec bienveillance. « Je suis ton père » dit-il. L’ange contemple ce Dieu qui le pose finalement contre un autre Dieu, féminin celui-là. Et là, emmailloté dans des choses qui le serrent, apeuré, transi de froid, notre ange trouve un réconfort immense sous la chaleur et la douceur de ce nouveau Dieu. Il sent son amour irradier, il ne risque plus rien, il est aimé, câliné, protégé…

 

Sur un nuage un ange penché regarde le bébé : « Oups, je suis désolé, mais ne t’inquiètes pas, je vais te surveiller. »

Le bébé s’endort, il n’y a rien d’intéressant pour le moment, alors curieux de savoir qui est là, l’ange regarde les autres bébés dans les pièces à côté et reconnait l’ange du nuage qui est à l’intersection du courant d’air chaud et du courant d’air froid. « Il a dû tomber aussi, ou alors il s’ennuyait aussi et a sauté. C’est tentant de voir si je m’en sortirais bien moi aussi. Et puis j’aimerais bien danser comme ils font dans ce pays à côté de la mer-qui-est-plus-lourde-que-les-autres… »

Dans un cri d’excitation, l’ange numéro deux s’élance de son nuage et tombe en piqué vers cet autre endroit qu’il a choisi…

Par Inkan - Publié dans : Textes et nouvelles
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Vendredi 1 mai 5 01 /05 /Mai 13:48
 
 N’avez vous jamais remarqué qu’un fou rire n’arrive jamais au bon moment ? C’est certainement pour ça qu’ils sont aussi drôles.
Si je commence à raconter les miens, on va penser que je suis insortable... Souvent ils sont une échappatoire à une situation qui provoque chez moi un grand stress. Du fou rire « bête » au fou rire « social », on passe par plusieurs catégories que je vais essayer de « blog »lister et d' illustrer avec les miens.
 
1. Le fou rire " la vache, qu’est-ce que t’as pris ! " :
Le plus commun, je crois. Tu es le témoin impuissant d’une grosse gamelle, d’un râteau phénoménal et t’es pété de rire. Et plus l’autre semble te détester de t’esclaffer si peu discrètement au lieu de compatir (alors qu’au fond, ok, bien au fond, t’es un peu désolé pour lui) plus tu as mal aux côtes. Tu crois que ça ne s’arrêtera jamais mais c'est si bon ...
C’est le fou rire vidéo gag !
J’en ai vu des chutes, mais certaines m’ont marquées et quand j’y repense j’ai encore le sourire aux lèvres. Tssss, je vous assure je ne suis pas mesquin.

 Anecdote :
C'était l'été et tout jeune Inkan que j'étais, j'avais décidé de faire l'ascension de la Sainte-Victoire avec un groupe d'amis.
 Miss D, l'une d'entre nous était une bavarde invétérée et ne cessait de me demander toutes les cinq minutes si j'étais sûr de l'itinéraire... Hors j'avoue que je nous avais bel et bien paumés, ce qui est en soit un exploit quand on connait la Sainte-Victoire!
Nous voilà donc coincés dans une cheminée, presque en rappel. Comme j'étais passé le premier, je me retourne vers elle pour voir si elle suivait sans heurt et là... Je la vois accrochée comme spiderman au rocher, le regard bovin et... muette!!! Pétrifiée de terreur à cause du vertige. Je commence à rire nerveusement en l'entendant me demander encore une fois si j'étais vraiment sûr du chemin et là catastrophe, Miss D glisse sur un demi-mètre et finit un peu plus en contrebas, suspendue je ne sais pas par quel morceau comme Tom Cruise dans Mission Impossible.
C'est alors que le fou rire commença, presque honteux et irrépressible quand cette fois-ci j'entendis monter une clameur digne d'un nazgul. Je pu distinguer clairement deux mots: Sale con!!!! Suivis d'une bordée d'injures dont même les pierres se rappellent.
Hélas,plus je voyais Miss D s'énerver, et me regarder haineuse, plus j'en riais... peu enclin à l'aider maintenant en voyant l'écume qui s'échappait de sa bouche.
Manque de bol en me penchant pour l'encourager un gravillon glissa de la corniche et lui tomba sur le coin de la tête. Ceci débloqua néanmoins la situation car elle devint alors quasi hystérique et se mit à gravir les quelques mètres qui nous séparaient en me promettant qu'elle allait me tuer et écraser mon sourire de hyène qui se foutait de sa gueule.
Je pris peur en la voyant, je voyais la bête en elle et son rictus enragé tel la promesse d'une déculottée digne de ce nom. Alors plus prudent que téméraire, je fis volte-face et m'enfuis vers le sommet comme si j'avais le diable aux trousses et croyez-moi, c'était le cas.
Le souffle coupé, me tenant les côtes tellement je riais, je courrais comme un lapin et j'entendais Miss D derrière moi qui gagnait du terrain.
Nous croisâmes un groupe de touristes allemands qui éberlués virent passer Inkan, riant et pleurant à la fois, talonné de près par une furie qui lui jetait le contenu de son sac à dos (méchant l'attaque du jambon-beurre) et plus loin débonnaire et géné le reste du groupe qui prenait des photos-dossier...
Et en sautant par dessus le dernier ( un homme ou une femme avec des birkenstocks tranchant sur des mollets rougeauds) je m'excusais en marmonnant un vague "achtung" auquel on me répondit un "schnell" d'encouragement!!!
Parole de randonneur, ce jour-là on n'avait jamais vu la montagne aussi vite escaladée!
Heureusement au sommet nous étions tellement épuisés que toute vendetta était vaine. Après quelques heures de repos,Miss D décida qu'elle ne bougerait plus d'un iota et qu'on n'avait qu'à lui envoyer un hélicoptère pour la descente. Alors avec un sourire effronté, je lui proposais de suivre le chemin laissé par les sandwiches pour retrouver notre route.
Mission accomplie, nous redescendîmes comme nous étions montés, moi galopant hilare, poursuivi par Miss D me balançant ce qu'elle pouvait de sa bouteille d'évian et les autres consternés par autant de bétises.
Jamais un fou rire ne m'aura donné autant de courbatures!
Par Inkan - Publié dans : Humour
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